Gabriel Yacoub, Mort d’un troubadour contemporain

Il fut un éminent acteur de la belle histoire du revivalisme folk en France. Dès la fin des années 60 on le croisa au Meetic Hootenany de Lionel Rocheman, au Centre américain à Paris, Boulevard Raspail dans un de ses premiers groupes avec du répertoire américain en France : the New Ragged Company (1969/1971) avec au banjo Old time : Youra Marcus et au violon : Phil Fromont, puis ce sera également un duo créatif autour d’un répertoire anglais et irlandais (1971/1972) avec René Werneer au violon. Gabriel fit découvrir aux amateurs français le répertoire de Martin Carthy, des Watersons... Gabriel a vingt ans quand il intègre (chant, guitare, banjo, dulcimer...) en compagnie de René Werneer la formation (1971 /1973) d’Alan Stivell, rencontré au Centre Américain. Il participe entre autres à l’explosif concert, de l’Olympia (1973). Première marche vers la world music. 


Il quitte le harpiste breton à la fin de l’été 1973. Il confectionne une musique d’avenir en compagnie de Marie, sa femme avec de prestigieux musiciens comme le guitariste Dan Ar Braz. En octobre 1973 ce sera la sortie du lumineux album, une révolution dans le monde du folk des années 70 : Pierre de Grenoble. Tous les ingrédients de son futur groupe Malicorne était en place. Un quatuor composé de Marie Sauvet (Chant, vielle, dulcimer...), Laurent Vercambre (violon, nyckelharpa...) Hugues de Courson (basse)... D’un seul coup le vieux répertoire, tels les paroles et musiques notées dans le livre des chansons d’Henri Davenson devenaient des musiques ancrées avec puissance dans le 20eme siècle et résonne brillamment encore aujourd’hui au 21eme siècle. Malicorne sortira une dizaine d’albums avec plus de 2 millions d’exemplaires vendus. 


Après la dissolution du groupe (1981), il y aura avec différents musiciens des reconstitutions de Malicorne: aux Francofolies de la Rochelle en 2010 et un ultime concert en 2017 au Festival du Chant de Marin de Paimpol. À la suite de la fin du groupe incontournable de l’histoire du folk, Gabriel Yacoub repart pour une carrière de duos et de solos, qu’il n’avait jamais vraiment abandonnée. On l’entendra sur les scènes d’Europe et des États-Unis toujours accompagné de beaux artistes, parmi lesquels on peut citer les chanteuses : Niki Matheson, Sylvie Berger, Emmanuelle Parrenin, Evelyne Girardon... Le vielleux: Gilles Chabenat, le chanteur conteur: Michel Hindenoch ...Et tant d’autres. Il publiera une dizaine d’albums. Ce sera l’étonnante rencontre avec un de ses admirateurs de la première heure: François Hadji-Lazaro (1956/2023), leader du groupe punk: les Garçons Bouchers, qui avec son label Boucherie productions sortira des albums solos de Gabriel Yacoub. Au milieu de nombreuses compositions admirables, une sera particulièrement remarquée: « les choses les plus simples », air repris entre-autres par: Dave Van Ronk, Maxime le forestier et Joan Baez ... 


Aujourd’hui il nous reste son œuvre à écouter encore et encore. Chaque fois ce seront des découvertes, tant ses textes et ses musiques sont foisonnantes de subtilités et de messages à la vie. Quand disparait un lumineux musicien, un poète, mais également un humaniste sa perte est encore plus grande. 


Philippe Krümm

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